un producteur tourné vers la relève… et l’avenir

René Bessette ne s’en cache pas, il a toujours accueilli positivement les changements à sa pratique. Pour lui, les modifications en lien avec le bien-être animal et l’environnement sont positives pour la santé de la planète ainsi que pour la santé financière des entreprises agricoles.

C’est en gardant un œil aiguisé sur l’avenir de sa ferme que lui et son fils Guillaume, de la 5e génération de la famille à œuvrer en agriculture, ont entrepris le virage vers la stabulation libre il y a quelques années. Le producteur de Waterville, en Estrie, se félicite aujourd’hui de cette décision tant elle a modifié positivement le quotidien de ses vaches et réduit considérablement ses efforts à l’étable. « Nous avions deux objectifs, le bien-être des animaux et le bien-être des actionnaires, se rappelle-t-il avec le sourire. Nous voulions retrouver notre place en haut de peloton en matière de bien-être animal ainsi que de prévoir la pénurie de main-d’œuvre ».

Sur ce dernier point, les Bessette ont eu raison puisque des employés qui songeaient à la retraite ont changé d’avis. « Le travail est devenu moins physique avec l’arrivée de la robotique et ils ont décidé de continuer », souligne le producteur. 

D’une superficie de 259 hectares, dont 50 % en prairies, la Ferme Bessette & Frères possède un troupeau de 140 vaches. C’est tout naturellement que la ferme a intégré au fil des années plusieurs pratiques favorisant le bien-être animal et le respect de l’environnement. À l’été 2022, les propriétaires, toujours curieux d’améliorer leurs processus et d’apprendre, se sont d’ailleurs joints au projet pilote Fermes durables d’Agropur.

Le passage à la stabulation libre a nécessairement amené un stress pour les vaches. Pour certaines, plus âgées, il y a eu un effet sur la lactation, mais cela s’est vite corrigé. Ensuite, le positif a pris largement le dessus, et l’arrivée de la robotique a amené une amélioration de la santé du troupeau. En matière de performance laitière, les Bessette affirment avoir gardé le même niveau. C’est du côté de la santé des animaux qu’il y a beaucoup de bénéfices, surtout via la diminution des frais de vétérinaire. « Ça a eu un effet très bénéfique sur leur système immunitaire. La grosse différence est la diminution énorme des cas de mammite. C’est le jour et la nuit, s’enthousiasme-t-il. Ici, c’est le concept de liberté totale et les vaches sont zen. Leur attitude change et juste dans leurs yeux, elles sont plus allumées. »

En plus du passage à la stabulation libre, les Bessette sont aussi attentifs aux avancées en matière d’environnement. Ces dernières années, ils ont observé des changements dans la fréquence et l’intensité des averses causant un lessivage du sol et de ses éléments nutritifs. « On doit travailler avec la nature et non d’aller contre elle », constate René Bessette.

Parmi les pratiques culturales implantées pour s’adapter à la situation, une bande de 80 à 100 pieds est maintenant semée autour du maïs en grains. Cette méthode permet non seulement de réduire la compaction du sol, mais également d’augmenter la biodiversité. Des haies brise-vent sont également plantées autour des maisons, de même qu’une bande riveraine de 20 mètres le long de la rivière. Fait intéressant, les arbres ont été plantés par les élèves de 6e année de l’école primaire locale dans le cadre d’un projet scolaire. 

Au fil des années, les Bessette ont remarqué que l’amélioration de la santé du sol a permis de réduire l’utilisation des engrais de synthèses et de diminuer l’application des pesticides. 

« Je souhaite faire dissiper la croyance de certains producteurs selon laquelle l’adoption de pratiques respectueuses de l’environnement entraîne des dépenses supplémentaires, conclut René Bessette. À long terme, ces investissements sont très rentables pour les producteurs. »